POURQUOI IL Y A T-IL DEUX CORÉES ?

Dans les médias, l’actualité nord-coréenne semble représenter un aparté de rituel, pour rendre compte d’un minimum de ce qui se passe dans le pays le plus fermé du monde. Toutefois, cette actualité, tantôt insolite, tantôt des plus inquiétante, camoufle en réalité notre connaissance très opaque des enjeux d’unité de la péninsule coréenne. En effet, la séparation de la péninsule est en fait très récente : il y a à peine 80 ans, la Corée était un seul peuple. Mais alors, pourquoi y a-t-il deux Corées ? Pourquoi la Corée du Nord, comme dictature, existe-t-elle aujourd’hui ? Et surtout : en quoi cette séparation régionale influence-t-elle le monde entier ? 

TOUT COMMENCE PAR LA COLONISATION JAPONAISE. 

En 1910, le Japon annexe la Corée qui était alors encore un seul et unique pays. Cette colonisation prend fin en 1945 : Les États-Unis, qui avaient alors poussé les Japonais à capituler avec les bombardements atomiques, entreprennent de libérer la Corée du joug japonais. Toutefois, c’est l’URSS, alors alliée des États-Unis contre l’Axe, qui entreprend de libérer le nord de la péninsule. Les Coréens se polarisent politiquement en faveur de leur libérateur respectif. 

Ainsi, dans le monde bipolaire qui se structure autour de la rivalité États-Unis – URSS, la Corée est divisée en deux autour du 38e parallèle. La partie nord de la péninsule, frontalière de la Chine communiste, devient la République populaire démocratique de Corée. L’URSS y impose le résistant à l’occupation japonaise Kim Il-Sung, leader charismatique qui s’était montré proche des idées et du gouvernement soviétique. Au sud, les Américains organisent des élections qui désignent le président Syngman Rhee comme premier dirigeant de la République de Corée

Les deux Corées voyaient alors cette séparation comme temporaire : en effet, le Nord comme le Sud voulaient la réunification. Toutefois, chaque partie entendait voir la Corée réunifiée sous l’égide de sa propre idéologie : communiste d’une part et libérale d’autre part. 

LA GUERRE DE CORÉE (1950 – 1953) 

Alors que les deux Corées se trouvent dans l’impasse, la Corée du Nord passe à l’offensive. Le nord est largement fourni en armes et matériel de combat par l’URSS et la Chine, tandis que les États-Unis refusent de délivrer des armes au Sud. Le 25 juin 1950, le Nord entreprend une invasion du Sud. Après de multiples retournements de situation dans lesquels se sont impliqués à la fois Américains et Japonais en faveur du Sud, la fin de la guerre en 1953 se conclut par un relatif statu quo. 

Aucune partie n’a donc gagné de territoires, ou réussi à imposer son idéologie. Toutefois, cette guerre fratricide sur fond idéologique et le statu quo qui en découle ont pour effet de radicaliser davantage chaque partie. C’est ainsi que la propagande, de part et d’autre du 38è parallèle, incite les populations du Nord et du Sud à se détester mutuellement.

LA CORÉE DU NORD : UN PAYS FERMÉ ET OBSÉDÉ PAR LA MILITARISATION

Kim Il-Sung devient, sur le modèle de Staline, une figure d’adoration en Corée du Nord, ce qui mène à la formation d’une dynastie. C’est ainsi que sous le prestige de leur ancêtre, ses héritiers se succéderont au poste de chef suprême. Ce culte de la personnalité amène la Corée du Nord à devenir un État dictatorial, autoritaire, qui réprime toute opposition politique. 
La Corée du Nord est devenue un État autoritaire et fermé avec pour cause deux philosophies inscrites dans la Constitution, qui régissent la politique nationale et internationale du pays. La première, celle du juche, se traduit par l’idée d’auto-suffisance : elle est introduite par Kim Il Sung et signifie que le pays doit être entièrement indépendant sur sa production, son économie, etc. Puis, son fils Kim Jong-il ajoute à cela la clause du “songun”, qui signifie “l’armée d’abord”. C’est ainsi que la Corée du Nord devient l’Etat surmilitarisé que nous connaissons aujourd’hui : il est le 9e pays à obtenir la bombe nucléaire et effectue de nombreux essais balistiques régulièrement, proche des côtes japonaises et sud-coréennes, comme une démonstration de force permanente.